Hot! Pier et le Festival Nio Far

Festival Nio Far

Pier Ndoumbe

 

Il y’a quelques semaines de cela, j’ai rencontré Pier, sur la terrasse du Yum Yum à Ouakam.  Pier et Franck sont à l’initiative du Festival Nio Far, dont la première édition s’est tenue à Dakar en Avril dernier. Pier est un homme hors du commun, au début de notre entretien, j’ai autant été frappé par sa coiffure très originale, que par sa corne d’ivoire portée dans l’oreille gauche…  Après quelques minutes de discussion, je sortais mon dictaphone, pour ne pas manquer une miette du parcourt de cet artiste  aux multiples facettes.

 

 

Pier Ndoumbe est originaire du Cameroun, il se définit aujourd’hui, comme un artiste pluridisciplinaire, qui a  horreur d’être enfermer dans des cases. Pier fait de la Danse, de la vidéo, du théâtre, et de temps à autre des accessoires de mode… Pier aime laisser sa créativité s’exprimer.

Le festival qu’il a mis en place aux cotés de Franck, synthétise toutes ses passions: le travail de mémoire, philosophique, artistique, culturel et intellectuel.  « Tout individu devrait s’intéresser à tout cela pour atteindre un équilibre et surtout pour comprendre son environnement ».

« De part et d’autres des préjugés persistent et la colonisation mentale bien alimentée… Notre responsabilité est de nous informer et d’informer pour ne pas perpétuer les erreurs du passé, et surtout pour déconstruire tous les stéréotypes inculqués au fil de l’histoire car  le savoir reste  la seule arme contre l’ignorance et l’aliénation ».

La circulation des individus? Elle est  réservée à une certaine catégorie de personne. Plus facile dans le sens Nord -Sud que l’inverse.  » Personnes  à risque » nous dit on lorsqu’il s’agit de faire un passeport pour un artiste africain qui veut se rendre à l’étranger. En réalité la question est davantage financière.

Trop d’injustices, trop d’ignorance, trop d’aliénations.

C’est le cri de révolte que pousse le chorégraphe. REVOLTE qui a abouti à la création de ce Festival qui se veut être un espace  d’information, et d’échange artistique et culturel accessible à tous.

 

 

Le Festival NIO FAR, c’est en effet:

– l’accès à la culture pour tous

– des regards croisés entre artistes africains et artistes non africains mais tous héritiers d’une histoire commune, l’histoire coloniale.

– un pont entre différentes disciplines: danse, théâtre, histoire, concerts, photo, documentaire et cinéma, débats

Le Festival NIO FAR c’est aussi trouver les moyens financiers pour créer une maison des artistes à Mboro. Lieu qui sera un espace d’échange, de formation, de création, et de diffusion entre artistes du Nord et du Sud.

Le Festival Nio FAR c’est également se tourner vers la jeunesse.

Divers ateliers sont menés  en milieu scolaire ( collèges, lycées, universités) . « Nous travaillons avec les scolaires, parce que l’avenir c’est eux . Il nous incombe la responsabilité d’ éveiller les esprits, les nourrir, pour former les citoyens de demain ».

Ces  actions artistiques et pédagogiques ont été menées avec des étudiants volontaires de l’université Cheikh Anta Diop (U.C.A.D), de l’Institut Africain de Management (I.A.M), du Lycée Mermoz et le Collège Alioune Diop.

Le titre « Gëm sa bop » disponible sur Youtube, ou sur le site du festival, illustre bien l’état d’esprit du Festival Nio Far. Le festival se veut itinérant, allant de Paris à Dakar et vice et versa  et peut être  vers d’autres contrées.… « Nous accompagnons des artistes sous forme de stages, de masters- class ou de résidences artistiques. Certains projets plus aboutis que d’autres sont alors présentés pendant les  festivals. Ce fut le cas cette année avec le groupe Kaddugalsen.

La mise en place de cette première édition dakaroise n’a pas été chose facile. Aucun financement du coté sénégalais, aucune aide logistique institutionnelle. Seule exception le Centre des Oeuvres Universitaires de Dakar pour les ateliers artistiques. Les sites qui nous  ont fait confiance pour cette première édition au pays de la Téranga furent: le Lycée Français Jean Mermoz avec ses salles de classe, son amphi et sa bibliothèque pour les projections, les débats et l’exposition photographique, La Librairie des Vents pour les lectures, l’I.A.M pour l’hommage à Alioune Diop, ( parler de son combat, vieux de cinquante ans, mais toujours d’actualité), le Charly et le Just You pour les concerts et le  Radisson, partenaires que nous ne remercierons jamais assez pour leur soutien.

«Car  le festival s’est monté avec deux fois rien. Il a été en grande partie financé par les recettes de l’édition française de novembre 2013.  Le Festival Nio  Far, c’est aussi ça.

 » La Solidarité. Solidarité entre pays , entre individus. Même si le terme est aujourd’hui un peu galvaudé, la Solidarité reste à nos yeux une valeur fondamentale dans un monde de plus en plus individualiste. Nous parlons bien de solidarité et pas de mendicité, ni d’assistanat.

 

 

L’édition 2014 a été marquée par la rencontre entre des artistes et des intellectuels travaillant en Afrique ou en Europe sur le thème de l’héritage colonial, histoire commune dont  Oumar Dioume, Andrée Marie Diagne, Ken Bugul ou Djiby Djakhaté.

Résolument ouvert sur le monde, le Festival a interrogé le passé à travers l’histoire coloniale tout en questionnant notre société contemporaine avec une programmation éclectique.

« Nous estimons à environ 1 900 le nombre de personnes ayant assisté au

Festival ( dont 800 scolaires) . Ce qui pour une première édition est un succès.

Nous espérons cependant tripler ce chiffre pour l’édition de 2015. »

Le Festival Nio Far va poursuivre sa route avec la 2 ème édition à Paris en

novembre 2014 , puis une prochaine édition à Dakar en avril 2015.

Son message de fin : « Nous voulons aiguiser la curiosité des jeunes et des moins jeunes, informer et éveiller les consciences. Mais aussi insister sur deux éléments qui nous paraissent  indispensable pour la réussite de tout projet: la rigueur et le professionnalisme car trop de parasites gangrènent le système.

N.B : « Après une carrière internationale en France, en Allemagne, en Belgique et aux USA, le  chorégraphe Pier NDOUMBE vit aujourd’hui entre la France et le Sénégal. Né à Paris dans une famille camerounaise, Pier Ndoumbe passe son enfance et son adolescence au Cameroun. Avant de se consacrer pleinement à sa passion la danse, Pier Ndoumbe a exploré différents univers : la philosophie à la Sorbonne à Paris où il passe sa licence, le cinéma à l’École Supérieure de Cinéma de Paris, le théâtre, le chant, le mime. Sa formation de danseur se déroule entre Paris et New-York en danse classique, moderne et africaine. Il a travaillé avec des chorégraphes tels que Cécile Bon, Blanca Li, Keetly Noel, Doudou Ndiaye Rose, Georges Momboye et Montalvo-Hervieu, ainsi qu’avec des metteurs-en-scène tels que Gabriel Garran, Franck Dribault, Pascal Nzonzi, et Alain Ollivier. Il a aussi collaboré avec des artistes tels que Daft Punk, Mecano, Baaba Mal ou la chanteuse Angélique Kidjo. En 1995, il crée sa Compagnie et son premier spectacle sélectionné au Festival d’Avignon est élu « trésor du festival » par la presse. »

Retrouver le Festival sur :

https://www.facebook.com/festivalniofardakar

https://www.facebook.com/pier.ndoumbe

 

 

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