Hot! Duo Solo Danse Festival , Odile Sankara

Odile Sankara

 

J’ai rencontré Odile au court du moi de Mai, la comédienne était l’une des artistes invits sur le Duo Solo Danse Festival. Sur la terrasse du Bou El Mogdad, j’interviewais Odile, la sœur de feu Thomas Sankara. Qui est-elle ? Qu’est ce que le métier d’actrice en Afrique ?

 

 

Qui es-tu ?

« Je suis Odile Sankara, je suis comédienne, c’est ma vie, c’est un métier qui me passionne malgré les difficultés et les contingences de ce métier.  Ce métier est noble mais tous les métiers le sont. Ils participent à parfaire les choses et à faire que la vie se passe bien. »

Comment ta carrière a commencé ?

« J’ai commencé en 1991 avec une compagnie au Burkina, qui s’appelait : la compagnie Feeren. J’ai fait au moins 15 ans avec eux. Après le Directeur de la Compagnie, Amadou Bourou  (Paix à son âme) m’a trouvé une résidence en France, au théâtre nationale de Belfort. J’y ai fait 5 ans. Après petit à petit le réseau s’est mis en place, j’ai rencontré des metteurs en scène après je n’ai plus arrêté la scène. J’ai travaillé tout le temps et je rends grâce à Dieu. J’ai vraiment eu de la chance. Dans ce métier, il y’a le facteur talent et y’a le facteur chance. Dans le facteur talent, il faut ajouter les fondamentaux. Grâce à Amadou Bourou, j’ai eu ces fondamentaux. Nous avons été formé  tous les jours sans relâche. Après j’ai rencontré d’autres metteurs en scène et j’ai embrassé de grand rôle. »

Quel a été le plus beau rôle de ta carrière ?

« Le plus beau rôle que j’ai eu à jouer, c’est Médée. C’est un classique grecque recueillit par Euripide. La dernière version qu’on n’a joué était très contemporaine, écrite par  Max Rouquette, le dernier des Occitans. Max avait une revue et un musée dédié à la langue occitane. Médée est le plus beau rôle que j’ai joué. Même si Phèdre et Andromaque sont de grands rôles… C’est un personnage que toute comédienne aimerait jouer dans sa carrière. Médée est une femme bohémienne, issu d’une société traditionnelle très forte, fille de roi. Elle était princesse et avait des pouvoirs occultes. L’histoire on la connait, c’est un classique. Elle tue ces enfants pour se venger de son homme qui est partie avec une autre. Elle a tout en elle. Le coté sauvage, la force, la liberté totale, les souffrances que toutes femmes peut avoir, mais aussi les relations de pouvoir et d’argent. On l’a joué pendant dix ans, dans le monde entier, dans les plus belles salles du monde.

En ce moment, j’interprète : Une nuit à la présidence, adapté du film Bamako d’Abderahmane. J’interprète la pensée d’Aminata Traoré. Je la porte sur le plateau. Je suis sensé être dans le refus de l’assimilation et de la soumission… »

 

 

 

Comment t’es tu retrouvé sur le DUO SOLO DANSE ?

« Moise Touré a travaillé avec Alioune sur le projet Senghor, qu’ils ont mis en place pour le Festival.  Moise a fait appelle à moi et je suis venue. La particularité de ce Festival c’est qu’on est vraiment rentré dans le tissu social. On a joué dans les quartiers et c’est vraiment là que ca doit se passer. Les scènes c’est beau mais il faut conquérir d’autres espaces et aller vers le public qui n’ira jamais dans les salles, pour pouvoir ainsi leur servir la culture, l’art et la création. Interpeller la conscience de chacun ! Je suis bleffée par le travail de fourmis de Moise Touré. »

Quels sont vos paires ?

« Je crois que la création, les arts vivants africains se doivent de réinterroger les mythes fondateurs, et les grands hommes qui ont fait l’histoire. Ils ont laissé un patrimoine inestimable mais qui est malheureusement peu connu. Si tu demandes à un Sénégalais qui est Cheikh Anta Diop. Il ne saura même pas te citer une de ses œuvres. Il ne reste que le simulacre de l’œuvre, qu’on véhicule, qu’on gargarise. C’est inestimable ce qu’il a laissé. En revisitant les œuvres, çà nous permet de questionner la création artistique. On se doit de participer au questionnement pour pouvoir participer au développer. Les grands hommes qui ont fait l’histoire sont mon dada, mon souci… Ce n’est pas pour rien que Picasso et revenu vers le Masque. Il s’est renouvelé en revenant à la création. Il ne faut pas avoir honte de le faire. L’histoire nous a lavé le cerveau. Elle a dit ce que nous avions n’était pas bien. On a tous brulé au nom de la civilisation occidentale. Il faut repartir à la source, y’en a qui ont presque honte de le faire. Les occidentaux  viendront les prendre. Y’a des personnages qu’il faut aller chercher, en les associant aux personnages contemporain qu’on voit dans la rue par exemple. »

As-tu un message de fin ?

« Il faut qu’on soit fière d’être ce que nous sommes et qu’on arrête d’être dans le mimétisme. On préfère la copie à l’originale. Le mimétisme ne nous apporte rien. Il faut être fier d’être ce que nous sommes. J’appelle  la jeunesse africaine à être fière.  La traite négrière est dernière nous. Aujourd’hui, c’est nous, de notre propre chef qui allons vers la mort. On va au large et on meurt.

Y’a tout pour réussir chez nous…  Faites confiance à nos terres et travailler. Je sais que c’est un combat de Titan. Seule la lutte peut faire gagner. Tout ce qu’on a aujourd’hui, c’est grâce à la lutte qui a fait changer les choses. Mettons nous ensemble pour changer les choses. »

 

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