Hot! Elom20ce

Elom 20ce

J’ai rencontré Elom 20ce à l’espace Fer et Verre, lors d’un after- work « Sn’Art ». Le débat était alors porté sur l’économie créative et les industries culturelles. Elom 20ce s’était présenté à moi, à la fin du débat. Elom 20ce est un artiste et activiste togolais, de passage à Dakar dans le cadre de l’évènement Arctivism dont il est à l’initiative. La vingt-cinquième édition d’Arctivism portait sur le thème : Nina Simone. Après quelques minutes de discussion, je lui proposais un rendez-vous à la Boite à Idée, pour une interview.

Elom 20ce

 

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«  Je suis un rappeur, africain, d’origine togolaise. Je suis un arctiviste (contraction des mots activiste & artiste) panafricain. Je rappe depuis une dizaine d’année. J’ai participé à quelques albums, compilations, mixtapes à l’international et j’ai sorti trois projets solos, un maxi Légitime Défense en 2010, Analgesik, mon premier album, en 2012 et Indigo mon second album en 2015. Je suis aussi co-concepteur de deux projets. Le premier « Arctivism», un projet itinérant qui revisite l’histoire de l’Afrique à travers ses grands Hommes. Le second « Cinéreflex », un projet de projection documentaire suivie de débats qui a lieu chaque dimanche à Lomé. J’essaye d’apporter un plus à l’humanité. »

Ton activisme est-il une forme de révolte ?

«Bien sûr que oui. La révolte naît souvent de la frustration, de la souffrance. La souffrance  fait prendre conscience.. La Révolte est souvent violente. Il y ’a dans l’art une forme de révolte qui peut réveiller quelque chose de positif en l’individu. Je pense que la révolte à travers l’art, est une violence positive. »

Ses débuts

«  Je suis arrivé dans la musique un peu par accident. A la base, j’ai fait des études , qui me destinaient à une carrière de diplomate  ou quelque chose dans le genre. Mais voilà j’aime le rap et je suis à fond dedans aujourd’hui. J’aime écrire, raconter des histoires. Au début, j’écrivais pour des gens, pour des amis rappeurs mais à un moment, j’avais eu envie de me prouver que je pouvais faire quelque chose. Le Rap est pour moi est un bon canal pour passer des messages. Mais c’est un hobbit au fond. Je pense qu’il ne faut pas trop se prendre au sérieux… Le Rap me nourrit spirituellement parlant et je pense que c’est bien de le partager. »

L’album Indigo.

«  Il y’a des morceaux que j’ai écrit il y’a longtemps, quand je finissais mon premier maxi. Après, j’écris tous le temps. La thématique qui m’est venu sur ce second projet, c’était indigo… ca m’est venu comme ça.

 

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Pour moi indigo, c’est la douleur dépassée, le blues à l’état suprême. Quand j’ai commencé mes recherche autour d’Indigo, je suis retourné écouter la chanson de Nina Simone, Mood Indigo. J’ai ensuite découvert après que c’était Duke Ellington et Barney Bigard qui l’avaient composé.  « You ain’t never been blue till you’ve had that mood indigo… I’m just a poor fool that’s bluer than blue can be. When I get that mood indigo I could lay me down and die” Grosso modo Indigo c’est la part la plus sombre du blues. Indigo c’est aussi l’état dans lequel est l’Afrique actuellement. Durant ces deux dernières années, j’ai aussi perdu beaucoup de proches. Donc je pense aussi que c’est lié à tout ça. Indigo c’est également la septième couleur de l’arc en ciel, une couleur qu’on ne voit pas à l’œil nu. Indigo c’est donc aussi, montrer toutes ces personnes qui font battre le cœur la terre et qui ne sont pas mise en avant. C’est aussi une référence aux  indigents, indigènes, au code de l’indigénat etc. Indigo c’est aussi une plante, donc on revient aussi aux racines à la terre.

L’album a pris trois ans à se faire. J’ai invité de nombreux artistes que j’apprécie comme Oxmo Puccino, Le Bavar de la Rumeur et Blitz the Ambassador. Ce sont des artistes très occupés, mais qui tenaient à être présents sur le projet..

En termes de processus, J’ai enregistré une grande partie du projet à Lomé, mais aussi à Paris. J’ai fait mixer et masteriser l’album là-bas au studio Les Murs du Son. Je trouvais que c’était mieux. Le bassiste Alexis Hountondji est basé à Paris. Il a fait plusieurs prods sur l’album et a coordonné le  reste du travail quand je suis rentré à Lomé. Il a apporté une touche particulière à  l’lalbum.  

Au niveau visuel, la pochette de l’album c’est une photo de ma mère.  Au verso, et dans le livret j’ai fait appel à un jeune photographe Juvencio  Ayivi. Du coté des vidéos, on a tourné trois titres de l’album. J’essaye d’apporter un plus au niveau visuel, les vidéos sont importantes car elles complètent les  morceaux. On a tourné Castration Mentale, Théorie du Chaos et Vodou Sakpata. Le clip Vodoo Sakpata est la première partie d’une trilogie. Il a été tourné à Lomé au Togo. La seconde partie j’aimerais la tourné à Rufisque ici au Sénégal avant de partir, et la troisième partie à Porto Novo au Bénin.

 

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Indigo c’est aussi un concept. On prépare une exposition de sculpture avec mon ami Sculpteur Anani Akpamagbo. Les sculptures représenteront les quinze titres de l’album. Des écouteurs seront reliés à chaque sculpture pour écouter un extrait du morceau auquel elle fait référence. Pour clôturer l’expo, on prévoit ensuite un grand concert full live.  Il y’a également une marque de vêtements qui va arriver : Asrafobawou. La première collection, ce sont des sweats à capuche en tissu Kente, un tissu produit traditionnellement chez nous… Culturellement, c’est le tissu des Rois. C’est un tissu qui coûte assez cher. il s’agit de prendre ces pagnes traditionnelles et les ramener dans une certaine modernité. C’est aussi une façon de donner de la valeur à nos traditions.

Tout ça fait partie d’indigo. L’Afrique a encore plein de chose à donner, même si elle a déjà donné. Iil  reste plein de chose à montrer… L’Afrique est belle ! On a envie de montrer qu’autre chose est possible. Montrer qu’on a une part de progrès à apporter à  l’humanité  et ça peut être à travers la musique, le cinéma, la mode…

Pour les quelques mois à venir, je compte présenter le projet, le défendre. Je compte prendre des risques, et faire des concerts où les rappeurs n’ont pas l’habitude d’aller. Je compte aussi démarcher quelques festivals… »

 

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Arctivism

« C’est partie d’un constat : à l’université, avec quelques amis d’autres pays, nous avons constaté qu’on ne nous a pas enseigné la vie et le rôle que certaines braves personnes ont joué pour le bien être de l’Afrique. Des personnes qui ont réfléchis  aux problèmes qui se posent encore à nous aujourd’hui. Il nous a semblé fondamental, de créer une université du peuple, pour étudier ces personnes là, s’inspirer d’eux, et apprendre de leurs erreurs pour ne plus les commettre. Arctivism a été lancé en 2009 à Lomé. C’est une Triptyque, projection documentaire, débat et concerts. Pendant les 25 chapitres (éditions), on a sillonné plusieurs quartiers de Lomé, quelques villages au Togo, deux villes au Bénin, Ouagadougou au Burkina, Paris deux fois, et maintenant Dakar. On a  « étudié » entre autre d’Angela Davis, Fela Kuti, Mandela, Sankara, Felix Mounié, Ben Barka, Malcolm X, Walter Rodney, etc..

On a choisi Dakar, car c’est une ville incontournable où tout respire l’art. C’est une ville qui vit. Je savais qu’à Dakar il y’avait des gens prêts pour ça. On a fait le projet au Goethe Institut en collaboration avec Africulturban. C’était un succès, la salle était pleine. Nina Simone parce que c’était l’artiste-activiste par excellence. Elle a fait beaucoup pour le mouvement des droits civiques. Avec les meurtres de plus en plus récurrents de jeunes Noirs aux USA, avec les mouvement comme Black Lives Matter, , on voit que la question raciale se pose toujours. Quels sont les artistes qui participent aujourd’hui à la conscientisation… ? En Afrique il y’en a des jeunes qui se battent pour exprimer leur ras le bal à l’instar des Mouvements  Le Balai Citoyen au Burkina Faso et Y’en a marre ici au Sénégal, etc.  Ces mouvements sont en partie portés par des Artistes.

 

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L’une des finalités c’est aussi de créer un réseau d’artistes et d’activistes panafricains. Nina Simone était entouré d’artistes, de poètes de philosophes. Je pense que c’est important de créer un réseau où tout le monde, quelque soit sa couche sociale, peut venir et réfléchir ensemble. J’ai rencontré à Dakar, des artistes humbles, talentueux.  Asrafozine, un petit magazine en ligne accompagne chaque édition. Dans les éditions à venir, nous comptons y ajouter de l’audio et des vidéos. Concrètement, Asrafozine c’est  un édito, un micro-trottoir, une biographie de la personnalité à l’honneur, un coup de projecteur sur les artistes, une tribune libre, un encadré avec des références d’un pays, et enfin des recommandations :un film, un album et un livre. Dans la dernière édition en date, nous avons ajouté une nouvelle rubrique intitulée  Coup de Gueule. Asrafozine 20 à télécharger ici : http://www.mediafire.com/view/r3p2gkualy5ov95/Asrafozine_20.pdf

 Arctivism, c’est une forme de solidarité qui se forme au-delà de nos frontières africaines respectives.

Dans 5 ans.

«  Je ne sais pas. Je cherche un juste milieu entre ma famille, mon travail, mon art, et mon activisme. J’espère que je l’aurais trouvé. »

Mots de la fin 

« Il est important de soutenir les artistes, la culture en Afrique. Afrika is the present. Merci. »

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Retrouver Indigo sur :

Indigo : https://asraforecords.bandcamp.com/album/indigo

Analgézik : https://asraforecords.bandcamp.com/album/analgezik-lp

Légitime Défense : https://asraforecords.bandcamp.com/album/l-gitime-d-fense-ep

 

Pochette Recto

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