Hot! Sunu Street pour Wakh’Art

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Qu’est ce que Sunu Street?

Nach:

« Sunu Street c’est la rencontre de trois danseuses urbaines qui ont eu l’envie d’allier leurs qualités respectives et leur amour du partage et de la danse pour permettre aux danseurs urbains vivant au Sénégal et n’ayant pas de réel opportunité d’évolution, de profiter de leurs réseaux internationaux et de leurs visions ouvertes de la communauté Hip-Hop.

C’est un projet qui se construit avec les danseurs et pour les danseurs du Sénégal. Plus ils s’impliquerons et seront porteurs d’initiatives, plus le projet avancera. L’idée est de leur apporter des outils pour qu’ils être totalement indépendants dans leur projets artistiques. »

Pourquoi avoir eu la volonté de mettre cette association en place?

Naima:

« Le projet Sunu street est ne grâce a l’association de droit francais Roots and Feelings. Toutes nos actions se deroulant au Senegal il etait pour nous essentiel d’avoir une association locale pour la perenite de nos actions. »

Khoudia:

« Pour répondre a certains besoins exprimés par les danseurs; pour ajouter au nombre de structures actives dans le domaine de la danse urbaine, avec la volonté d’être complémentaire par rapport a leurs activités déjà existante. Pour cela il nous fallait une structure, et un projet a travers lequel concrétiser nos volontés d’action a toutes les trois. Nous avons eu la chance d’être lauréates d’un appel a projet de l’Union Européenne en Décembre 2013, qui nous a donné les moyens matériels et financiers pour concrétiser nos aspirations. »

Nach:

« Pour apporté un réellement changement au Sénégal, pays de nos familles. Pour ne pas seulement croire et rêver à des projets, mais se donner les moyens de les réaliser. Mais aussi car les jeunes que nous avons rencontrés nous donne une motivation sans fin. Pour aider les danseurs qui sont aussi nos amis.Le potentiel est immense au Sénégal et les danseurs savent se mettre au travail quand il faut.Et parce que, personnellement, j’ai eu envie de me réaliser en tant que femme artiste et créatrice. Il faut savoir faire des sacrifices ! »

Qui en sont les membres fondateurs et permanents ?

Khoudia;

« Nous trois fondatrices du projet: Anne-Marie Van, Naima Gaye et Khoudia Touré. A cela s’est ajouté Francoise Empio, administratrice, Siaka Traoré, responsable pour les arts visuels, Romuald Brizolier, intervenant de la formation professionnelle en danse urbaine. Nous sommes entourés de partenaires très actifs dans la mise en place du projet tels que les associations Afreekanam et SenegalBattles SNB. Tout cela complété par les élèves de la formation et les membres actifs de la salle Sunu Street. »

 

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Quel est le parcourt de chacune?

Anne marie Van

De nationalité française, originaire des îles du Cap-Vert et du Sénégal, Anne-Marie a vécu, grandi et étudié en France, dans la ville de Montreuil (93). Très jeune, elle est touchée par l’ébullition culturelle autour de sa ville et comprend l’apport essentiel de l’Art et de la Culture dans la vie de tout citoyen. Anne-Marie est danseuse de Krump depuis 4 ans. Elle se forme dans la rue. En 2013 elle intègre la compagnie contemporaine « Heddy Maalem ». Elle découvre la danse contemporaine et le Buto.  Son expérience professionnelle de 2 ans (2011/2012) dans l’association « Ere de Jeu » (association spécialisée dans les actions artistiques et culturelles dirigées vers le jeune public) la forme aux différents secteurs de l’action culturelle. Ses responsabilités au sein du projet seront les suivantes : Élaboration et suivi des actions culturelles et restitution, de la mise en place à la réalisation. – Communication et coordination avec les entités associées locales.

Naima Gaye

« le suis de nationalité sénégalais et française, Naima grandit à Paris. En 2001, elle décide de se tourner vers la danse hip-hop. Cette culture faisant déjà partie de son quotidien, elle intègre son premier groupe de danse « Next Level », composée exclusivement de danseuses. Le groupe se produit dans différents festivals de danse urbaine pendant trois ans. Parallèlement, elle fait ses armes  en participant à des battles (vainqueur du 1er Battle Just 4 ladies 2003 catégorie hiphop New School, vainqueur du Funkin’ Stylez 2004 categorie hiphop New school, quart de finaliste au Juste Debout 2005, categorie house dance). En 2005, elle intègre la compagnie « La Rualité », avec qui elle dansera la piece “Rêve L toi” dans divers théâtre pendant un an. Puis, de 2006 a 2008 elle enseigne la danse hiphop et house dance aux jeunes (maisons de quartier, associations,..). En 2009, elle collabore avec sa sœur, Dyana Gaye, et signe la chorégraphie de la comédie musicale « Un tranport en Commun », primée dans de nombreux festivals, et nommée au Cesar du meilleur court-metrage. Aujourd’hui, elle est diplomée en Management de projets culturels et évènementiels, tout en poursuivant sa carriere artistique dans le cinema et la danse. Dotée d’expérience dans l’enseignement, la création et la coordination artistique, Naïma est responsable de l’organisation et supervision de toute la partie formation. »

Khoudia Toure

Je suis née et j’ai grandi a Dakar jusqu’a l’âge de 18 ans. Ma première rencontre avec la danse hiphop s’est faite a travers les groupes de break-dance des années 1990 (Rodrigue, Xtreme Bboys etc…) ainsi qu’a travers l’école de Marianne Niox, Artea. En 2004, j’ai quitté le Sénégal pour aller faire mes études en France, ce qui m’a donné l’occasion de beaucoup voyager en Europe, aux Etats-Unis. De me faire un tas de rencontres et d’amitiés par la danse, en particulier dans le style que l’on nomme Housedance. Je suis rentrée vivre a Dakar fin 2011, en continuant d’organiser des ateliers, des stages, des sessions de danse au Clac et au collège Sacre-Cœur a travers mon projet Unité 2H. Apres la rencontre avec Anne-Marie et Naima, Sunu Street est arrivé.

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Comment choisissez vous vos élèves?

« Les élèves participant a la formation sont sélectionnés sur audition. Nous avons fait des auditions a Dakar et sa banlieue, Thies, Saint Louis, Louga et Kaolak.

Les critères pour participer aux auditions sont :

  • Avoir au minimum 18 ans
  • Avoir au moins deux ans de pratique de Hip hop
  • Etre disponible pour les deux sessions de formation
  • Résider au Sénégal

Les auditions se déroulent en 3 parties, l’apprentissage d’une chorégraphie qu’ils présentent ensuite par groupe de 3, une demo freestyle et un entretien individuel.Nous choisissons 2 danseurs par regions (10 au total) et 20 danseurs sur Dakar et sa banlieue, car celles-ci abritent le plus grand nombre de danseurs urbains.  »

Qu’avez vous réaliser depuis la création de Sunu Street?

Nach:

« Beaucoup de choses et ce n’est pas fini ! Des actions concrètes mais aussi des changements en profondeurs dira t-on. Certains danseurs ont réalisé qu’à plusieurs il est possible de faire de grandes choses, d’autres ont prit confiance en eux et réalisent eux-mêmes leurs projets.

En ce qui concerne nos actions, deux beaux spectacles de restitution ont été réalisés en 2014/2015, au centre culturel Blaise Senghor à Fass, puis au théâtre national Daniel Sorano.Nous avons réalisé une exposition des photographies de notre partenaire Siaka Soppo Traore de Cayleen Vision.En termes d’actions citoyennes, nous avons organisé un Ndogou durant la dernière période de ramadan.

Récemment nous avons déambulé dans le quartier de Fass, à la rencontre des enfants du quartier. Quelle récompense de voir tous ces enfants rires et danser avec nous ! Sunu Street c’est ça, le bonheur simple que l’on trouve en partageant dans la rue. »

Naima :

« Le projet Sunu street compte aujourd’hui pres de 90 membres. Des danseurs qui viennent s’entrainer a la salle (au centre culturel `Blaise Senghor), qui participent aux evenements organises par Sunu street : spectacles, flashmobs, ateliers artistiques, cartes blanches artistes, projections videos, rencontre/discussions.

En un an nous avons réalise :

  • une quinzaine de carte blanches avec des artistes venant du Senegal, de France, Suisse, Suede, Angleterre.
  • 3 rencontres/discussions, themes autour de la danse et sa communaute
  • 3 seances de projections
  • un Flashmob dans le quartier de Fass
  • 2 grandes soirees restitutions de la formation de formateur en danse urbaine (au centre culturel Blaise et Senghor et au Theatre Daniel Sorano),
  • 1 creation choregraphique « Nio far » qui s’est jouée au centre culturel de Goree et a l’Institut francais de Dakar,

Des cours de danse ouverts (pendant 10 jours au centre culturel Blaise Senghor) donnes par les élevés de la formation « module enseignement. »

Quels sont vos objectifs pour 2015 ?

Khoudia:

« la consolidation de tous nos efforts. L’essor des danseurs qui ont bénéficié de la formation, toujours plus de membres autour des activités de la salle et la constitution d’une vraie communauté unie par cet esprit associatif. Encore de beaux événements sur scène, comme dans les rues, qui mettront la danse HipHop a l’honneur de façon innovante et originale. »

 

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Qu’est ce qu’implique être danseur au Sénégal aujourd’hui?

Nach:

La danse fait partie intégrante de la culture sénégalaise. C’est donc l’identité même de chacun.La danse est également une histoire de génération.Les gestuelles évolues et les « rituels » évolues également. Les danses de clips ne font pas l’unanimité auprès des plus vieux, dance hall et autres styles peuvent paraître obscènes. Du coup tous les styles hip-hop sont malheureusement mis dans le même panier par ceux qui connaissent mal le mouvement.

Il faut que les gens comprennent que la danse, au même titre que d’autres formes d’art, est un moyen d’expression très fort, un langage universel, qui est un levier de communication entre la jeunesse et nos sociétés.

« Dis moi comment tu danses et je te dirais qui tu es ? » Je pense qu’il y a une vraie étude sociologique à faire sur les communautés de danses urbaines à travers le monde. Pourquoi ce besoin de se réunir en cercle et de danser  aussi fort?

J’ai eu l’occasion de rencontrer des rappeurs sénégalais qui ont réussis de belles carrières professionnelles. Lors de nos conversations j’ai pu m’apercevoir qu’eux même ont une vision bien particulière de la danse. Vision qui me semble erronée.

On me dit que les danseurs et les rappeurs sont déconnectés depuis plusieurs années au Sénégal. Que les danseurs devraient prendre des initiatives pour se rapprocher des rappeurs en proposant des mouvements dansés « à la mode » pour apparaître (ou plus trans-paraître) dans des clips à la télévision.

Le danseur n’a pas sa place en arrière-plan d’un autre artiste, comme pantin figurant pour amuser la galerie.Le danseur revendique. Il est engagé. C’est un sportif acharné qui doit avoir la rigueur d’entretenir son outil de travail qu’est son corps.Un corps, l’expression d’un visage, une qualité de mouvement et d’énergie, peuvent dire bien plus que des paroles. Les danseurs doivent être reconnus pour ce qu’ils sont : des artistes et des professionnels.Un rappeur me reproche d’être puriste. Je ne le suis pas. Je refuse seulement qu’on me dise comment danser et que faire de mon art. Me permettrais-je de lui dicter ses textes ?

Depuis la nuit des temps, la danse fait vibrer les Hommes, c’est une nécessité, un anti dépresseur, un hommage à la vie. Je ne vois pas pourquoi la danse deviendrait un simulacre de corps dénudés gesticulant avec vulgarité.

Que pensez vous de l’industrie culturelle sénégalaise? ( Point fort, point négatif )

Khoudia:

« Pour moi, ses points forts sont le dynamisme et l’innovation; l’industrie culturelle sénégalaise rengorge d’associations, d’artistes rivalisant de créativité. Bien souvent les freins sont le manque de moyens et de structuration. Peut-être que l’un ne va pas sans l’autre… et que cela pousse beaucoup d’artistes a être encore plus créatifs, débrouillards, et indépendants des aides publiques pour survivre. »

Naima:

« C’est une industrie en pleine expansion. De plus en plus de projets et d’associations se montent, la jeunesse a vraiment envie de faire bouger et évoluer les choses. Malheureusement elle manque de soutient (financier et matériel) pour réaliser ses projets. Il est difficile d’avoir des aides des structures culturelles locales. Donc nous sommes vraiment reconnaissante d’avoir été accueillies au centre culturel Blaise Senghor.  »

Nach:

Elle est en plein essor ! C’est incroyable et encourageant. Il y a tellement de choses à penser et à réaliser.

Nous devons tous nous mettre au travail ardemment pour que le potentiel présent sur le continent africain, et dans notre cas au Sénégal, puisse être valorisé à sa juste valeur. Les artistes sénégalais sont pleins de ressources et tournés vers le monde. Ils ont envie de changement, il faut donc y travailler ensemble.La difficulté est de trouver des personnes aux motivations solides et ça malgré l’impossibilité d’être rémunéré pour le travail fourni (c’est une des réalité du projet Sunu Street, nous travaillons bénévolement)

Il faut aussi se structurer. J’entends par la faire des plannings à l’année, respecter les Dead lines, fédérer les énergies en travaillant avec des structures déjà implantées.Il faut également des institutions plus impliquées pour la jeunesse et plus réactives. »

 

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Quel est la place des femmes ? 

Khoudia:

« Quelle est la place des hommes? (rires). Dans notre philosophie de travail, nous ne sommes pas attardées sur la distinction homme/femme. Beaucoup de femmes sont actives au Sénégal dans le domaine des cultures urbaines. Danse Fe, Ina, Zeinixx, Moona… engagées, fortes et inspirantes. D’elles-mêmes, elles ont la place qu’elles veulent prendre. »

Nach:

« Les femmes sont de plus en plus présentes dans la culture. Elles sont d’ailleurs essentielles ! La danse urbaine est pratiquée par nombreuses femmes a travers le monde qui se sont fait leur place en démontrant qu’elles avaient autant de talent, de technique, de creativite que n’importe quel homme. »

Naima:

« Il y a pas mal de femmes impliquées dans les cultures urbaines.Notamment au Sénégal !Il n’y en aura jamais assez. Nous en avons besoin tout comme nous avons besoin des hommes.Concernant la pratique de la danse hip-hop, nous avons eu du mal à avoir autant de participation à nos formations que celles des hommesMais celles qui ont participé à nos actions sont très douées !  »

Avez vous des Paires ou des gens qui vous inspirent au quotidien?

Naima:

« Mon fiance, qui a une volonte et une rigueur de travail impressionnante ! C’est mon moteur. Puis tous les danseurs que nous cotoyons, qui pour beaucoup n’ont pas forcement la vie facile mais ne lache rien !!! »

Khoudia:

« Au quotidien, ma mère, mon “chevalier de la valorisation du “Made in Senegal”; les danseurs que je côtoie, tous aussi passionnés les uns que les autres. »

Nach:

« Personnellement je suis impressionné par Sandrine Beauchamp de la délégation de l’Union Européenne. Elle nous suit dans la réalisation du projet Sunu Street. C’est un bout de femme exceptionnelle, une bosseuse, mère d’une grande famille, une conseillère précieuse et une femme engagée et…j’espère qu’elle ne m’en voudra pas, une danseuse talentueuse.Il est important d’avoir des gens qui croient en nous et qui envoient des ondes positives. »

 

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Ou vous voyez vous dans dix ans?

Khoudia:

« Dans dix ans, je me voie regarder avec fierté les danseurs du Sénégal et de l’Afrique entière gagner leur place parmi les plus grands noms de la danse hiphop dans le monde entier. J’espère que Sunu Street sera toujours la pour leur permettre de passer le relais aux générations futures. »

Naima:

« Désolée mais je n’aime pas prédir ! Mais j’espère toujours active dans le  milieu. »

Nach:

« A prêcher la bonne parole des cultures urbaines à travers le monde, avec une équipe de combattants animés par les mêmes envies, avec comme quartier général un Dakar carrefour des cultures et des perspectives d’avenir. Pourquoi pas un collectif artistes venu du monde entier ? L’idée est lancée ! »

Avez vous un conseil ou une parole de sagesse pour la jeunesse sénégalaise?

Khoudia:

« Rêve, ose et travaille. »

:Naima

« Ne jamais cesser de croire en vos rêves même si ils paraissent inaccessibles ! Seul la volonté et le travail vous y amèneront. »

Nach:

« Merci de nous avoir donné la parole Ken ! »

Ou les retrouver:

Facebook

 le site Sunu Street

page youtube avec différentes videos:
Entretiens de danseurs de la ville de Dakar: https://www.youtube.com/watch?v=FItlhMn_CiQ
Montage de la salle sunu street: https://www.youtube.com/watch?v=TvHR3uKi0lI
Activités que nous menons dans la salle: https://www.youtube.com/watch?v=vw-fcB3vqUk

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