Hot! Toussa

Astou Gueye a.k.a Toussa

J’ai rencontré Astou il y’a quelques mois de ça, durant les 72H Hiphop. Séries de concerts qui se déroulaient entre le centre culturel Blaise Senghor et la place de l’obélisque à Dakar. Je prenais alors beaucoup de photos. Akya en mode paparazzi. (rire) Toussa était sur scène avec deux autres nanas. Cette image m’était restée en tête. C’était les seuls femmes rappeuses des 72 H Hiphop Cette image était très représentative du milieu Hiphop sénégalais, un milieu de mec, ou les femmes n’ont pas de place.

Astou a.k.a Toussa me retrouve au bureau, l’espace Yak’Art, rue Jules Ferry, durant un après-midi de Juin. J’étais enthousiaste comme un enfant devant un gâteau au chocolat. J’avais hâte de découvrir son parcours, son histoire. « Un spécimen rare », me dis-je alors. Je l’écoutais maintenant avec la plus grande attention.

Sista Toussa est une rappeuse. L’artiste est dans le milieu Hiphop depuis 2006. C’est un choix de vie, m’explique-t-elle. « Comme une fille qui choisit le mannequinat, moi j’ai choisi la music, la culture hiphop. » Toussa se tourne donc vers une carrière de MC. Elle écoutait tout ce qui passait à l’époque. La jeune fille était fan de Bow Wow et 50 cent. Elle s’amusait à poser sur les instrumentaux les plus connus. En 2007, Toussa fait partie du groupe Yone ou Ndam. La jeune artiste fait sa première prise, dans les studios de Ceptik à Golf. Le groupe évolue jusqu’en 2010. A ce moment-là, le groupe éclate. L’artiste choisit de suivre sa voie, elle se lance dans une carrière solo.

 

 

Toussa a muri entre temps, sa technique s’est améliorée. Mais il reste beaucoup de chose à faire. Sista Toussa veut faire bouger les choses. « Les filles ne bossent pas… On ne les voit pas.  Le hiphop féminin ne bouge pas au Sénégal. »  En effet, elles ne sont pas nombreuses, ces femmes qui montent sur scène, micro à la main, qui crachent leurs quotidiens, leurs espoirs et leurs rêves. Et pourtant les femmes au Sénégal ont des choses à dire. Les pionniers du rap au Sénégal, les Mcs, les femmes, ont chacun une part de responsabilité selon Toussa. Sur le plan international, les femmes, même si elles sont en minorité, sont présentes dans la culture urbaine, dans le Hiphop, dans le Rap. « Mais ça viendra » dixit Toussa. «  En tous cas, moi j’attends personne. »

La jeune mc évolue en autoproduction. Elle est autonome et elle le revendique « J’avance avec mes petits, petits moyens. » Elle n’attend pas d’être produit, ou d’être labélisé pour créer. « Tu fais vivre la music, ensuite la music te fera vivre. »  L’artiste est déterminée, elle croit en sa passion tout en étant consciente des difficultés qui l’attendent. Ça fait plaisir à voir. Toussa a raison, dans la vie, il faut s’accrocher et avancer.

Au début sa famille, tous comme son entourage, acceptaient mal son engagement pour le Hiphop. Etre une femme artiste est encore un gros problème au Sénégal. Avec le temps, Toussa a réussi à faire accepter ces choix. Dans le milieu, aussi, Toussa s’est fait accepter. « Je donne du respect aux Grands, et ils me le rendent. »

Durant ces dernières années, Sista Toussa a participé à différents concerts et concours. Notamment, la première édition des 72H Hiphop en 2009, les Hiphop Discovery en 2011, ou encore le concours big star. Toussa a également été invité le 8 Mars dernier, sur une émission de la Tfm. On la retrouve aussi sur la Compilation de Fou Malade Prise de conscience collective édité en 2010.

Durant toute la période des manifestations, l’artiste était resté silencieuse. Le nouveau départ, son nouveau single retrace ces moments-là, et s’interroge sur l’avenir. Le morceau met aussi l’accent sur l’attente du peuple sénégalais vis-à-vis du nouveau gouvernement. Le single devrait sortir dans les prochaines semaines. Toussa travail aussi sur sa Net Tape, «  Tout ça » prévu pour début 2013. L’album est un ego trip de 14 titres. Il retrace la vie de l’artiste, de sa passion pour la music. Toussa aimerait donner un peu d’elle au public sénégalais. L’artiste travaille avec les studios Hurricane, ou elle est d’ailleurs actionnaire, mais aussi avec les studios Def Darra, chez qui elle enregistre depuis des années.

Des idoles Toussa n’en a pas. Ah si, son père. Musicalement parlant, elle apprécie beaucoup le travail de Books. Un de ces rêves serait de faire un featuring avec lui. Elle aimerait aussi que le « langage des filles » soit mis en avant. Que les femmes artistes se dévoilent et parlent avec leurs mots.

 

 

Son message de fin : « I love music. »

Si elle était un son : « Jailer. » d’Asa.

 

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